dimanche 25 janvier 2009

petit texte

bon voici, un petit bidule que j'aie écrit pour mon atelier de prose :


Nous étions assommés par la nouvelle. Les trois pairs d’yeux dans l’appartement fixaient l’écran. Durant deux bonnes heures, nous avions vécu scoops après scoops, surfant sur une dizaine de chaines d’ici, là-bas, et plus loin. Les déclarations de guerres suivaient de près les annonces d’«atteintes d’objectifs importants», et aucun mot n’avait été dit, que plusieurs monosyllabes.
La fenêtre était ouverte. Putain, ces sirènes! Elles passaient sans cesse sous notre fenêtre, et bordel! Il n’y avait que quatre bombes qui avaient explosés! Les gens paniquaient comme s’ils avaient été pris par surprise!
Nous ne comprenions rien de la situation: qui avait fait quoi? Quoi avait fait qui? Pourquoi se sacrifier? Pourquoi ses appels au calme? Qu’est-ce qui motivaient tant d'humains à aller se faire tuer? Combien de morts y avait-t-il et y aura-t-il? Pourquoi nos alliés sont nos ennemis? Pourquoi la gang d’osties de cravates étaient parti depuis longtemps? Ils savaient.
Pourquoi devoir serrer les dents, se pencher, et se faire enculer par la peur de mourir? N'y avait-il pas assez de robot qui traversaient les ponts ? Notre génération en avait-elle pas assez de mourir chaque fois qu'elle disait non!? Chaque fois qu'elle cherchait son identité en regardant devant plutôt que derrière. Son identité?! Une identité de carte soleil qui ne sert plus à rien! De chants traditionnels aux gloires de vieux barbues, de révoltes écrasés par l'arrière goût de sperme évangélique politicaillé, une identité de vendeur de fer à une cenne la tonne, une identité de rationalisation économique de ressources de coupes à blanc de criss de calice de tabarnak, une identité coupé entre les nostalgiques du fumeux de clopes et les apôtres du capital.
Fuck you mon identité!
Bon, je me calme. Je dois vous préciser cher lecteur et témoin de mon épopée, que j’ai un petit problème de perception, moi pis la réalité, c’est un brin tendu. J’ai la fâcheuse habitude d’être le personnage principal du film de ma vie pourrait-on dire. Non, je ne suis pas en amour avec ma grosse face. C’est simplement que je me mets en scène dans les moments les plus aléatoires de ma vie. Je me vois interagir avec les gens de mon entourage d’un point de vue extérieur; je trouve mes mimiques franchement trop théâtrales et ridicules, comme si tout cela était sérieux. Fuck c’est juste la vie. Non je ne suis pas schizo. Ou encore quand je marche : ça c’est le plus drôle, pas le genre de marche je-vais-à-l’épicerie-gnagna, plus du genre : la-vie-c’est-de-la-marde-j’calisse-mon-camps-avec-Godspeed-dans-les-oreilles. Donc, cela me prend en pleine marche, une voix off, qui est celle de votre humble narrateur, se met de la partie en narrant un état d’esprit que je connais déjà étant donné que… bon vous voyez le topo.
La musique, la voix, mon air mélancolique sur la rue, avec tous les décors de Montréal durant la nuit du genre: St-Laurent, les connards de chilleux à l’entrée des bars qui racontent probablement leurs dernière baise devant leur char monté, qu’ils vont surement finir par prendre complètement saoul à 3h32. Quand je ne me sens pas bien dans ma peau, je vais les voir, ça me rassure.
BREF RÉSUMONS : Godspeed, promeneur solitaire (moi héhé), décors complètement ridicule, la voix off qui raconte la situation… Vous ne trouvez pas que cela fait un bon début de film? Moi non plus, mais quand même, osti que ma vie est un film!
Je vous raconte tout cela car je me sentais exactement comme cela, à cet instant précis, imaginez : plan rapproché de Fred l’air consterné qui se tourne la tête vers Josiane, la caméra suit son regard dans un travelling latéral de gauche à droite. À son tour, se tourne vers moi, moment de tension.
«On doit partir». Ces mots m’étaient venus comme ça. Trois mots, comme la conclusion d’une réflexion vieille de 3 siècles. Trois mots qui tuent comme «Je t’aime». Je t’aime la vie, pis toute tes mardes. Je fixais l’écran sans trop voir les vidéos amateurs de civiles explosés d’oublies. Ma scène de film était terminée et j’étais revenu dans le présent.

«On doit partir». Comme ces gens vers l’Amérique 3 ou 4 siècles plus tôt. Le vieux monde était devenu insupportable.