jeudi 23 avril 2009

lettre aux profs

Bonjour M. le professeur,

Bien sincèrement, je suis en colère. Vous pardonnerez que je jette mon dévolue sur vous, mais vous avez été, durant la grève, le plus passionné et communicatif professeur, donc je vous renvois la balle avec mes impressions; vous comprendrez que mes réflexions seront plus dirigés vers le SPUQ que vous personnellement.

Je me demande où est passé cette «grève politique», cette «UQAM unie», cette «grève historique»... Je dois avouer que j'y aie candidement cru à tout ça, je veux dire, à cette mini révolution tranquille que les plus modérés et prudents parlementaires commençaient à faire allusion. Vous rappelez-vous de M.Khadir? Il affirmait: «Historiquement, les professeurs, et les étudiants ont été les acteurs principaux de réformes sociales importantes...» et que (notre? Votre? ) lutte était importante? Je pourrais remémorer tous ces appels de votre syndicat pour «reconstruire selon nos valeurs» cette université populaire qui m'est si chère.

Allez-vous nous regarder fièrement dans les yeux au retour ? Nous avez-vous menti lorsque vous affirmiez que vous faisiez cette grève pour nous?

Vous avez votre augmentation salariale, la parité (sincèrement, bravo vous la méritez).
150 profs sur 5 ans? (ici, vous rampez, vous nous lâchez, dois-je dire bien poliment).
La loi sur la gouvernance? (ici, vous laissez tomber l'UQAM et tout le peu d'idéologie qu'il y avait derrière cette grève).

Et c’est là que le bas blesse le plus : vous avez demandé à 40 000 étudiant(e)s, et aux travailleur(e)s de vous appuyer. Nous avons acceptés, en joignant nos revendications à vos demandes SPUQiennes, question d’unifier la lutte, et j’ai le sentiment que c’est par pure politesse que vous avez hoché la tête devant nos demandes, avec un sourire paternel/maternel, en nous disant «oui oui, solidarité, basta le néolibéralisme» et toutes les trompettes (ces satanés trompettes!). Vos représentants venaient nous dire en AG : «Nenon, ce n’est pas corporatiste du tout comme demandes, on l’a fait pour vouze» (je me sens trahie présentement M. le professeur, votre syndicalisme de concertation là…il peut bien retourner boire des scotchs avec la direction, et Courchesne). Pourquoi ne pas «bonifier les frais afférents», redégeler (bouillir?) les frais de scolarités, et autoriser McDodo, Amp (ah non c’est déjà fait!), et Wal Mart de venir s’installer pour payer notre université accessible et populaire??
Non mais sans blague?! Où étiez-vous l’an passé pendant que nous nous battions pour les valeurs Uqamiennes? Nenon le code du travail ne vous retenait en rien! Votre convention était déjà échue! Vous avez gentiment patienté, pendant que les gens s’essoufflaient à combattre l’injonction, les gardas, la direction, la police dans les murs de l’université, le cynisme (on le comprendra!), et les belles conséquences de la gestion néolibérale d’un lieu de savoir. Où étiez-vous lorsqu’il était temps d’appuyer et de demander l’amnistie des 45 personnes arrêté(e)s injustement pour une occupation pacifique? Êtes-vous conscient qu’on recule considérablement du côté des moyens de pressions utilisés? À quand l’interdiction de la grève?
Vous avez laissé tomber les étudiants deux fois. Je n’aimerais pas être négociateur pour le SEUQAM ou le SÉTUE qui n’ont pas terminé leurs négociations, on peut prévoir sans trop de pessimisme que leurs négociations vont stagner après la signature de votre convention.

Merci au SPUQ pour cette belle démonstration de solidarité «one way».
Comme je l’ai mentionné plus, haut je m’adresse plus à votre syndicat qu’à vous personnellement, mais vous comprendrez ma rancœur de militant…
Cordialement,

Simon Bossé-Pelletier, étudiant en littérature